Quand la notion de temps « chronos » ne devient pas un « chromos » de plus ou moins mauvais goût aux couleurs criardes et sans charme.
Cet axiome provocateur permet de présenter l´oeuvre, toute de subtilités, de Christian Bozon. La recherche raffinée de la transparence, tant chromatique que dans la translucidité de la matière assure une part des effets physiques de son oeuvre. Les interventions successives qui marquent la spatialité de traces érodées, mais cependant indélébiles, exposent une autre facette créative.
Ce sont ces caracteristiques organiques qui permettent à l´artiste de placer en évidence le ressenti et la vie dans ses compositions. C´est la révélation progressive de l´oeuvre, propre à la gravure, qui lui donnde un sens, une signification issue d´un processus temporel immuable. C´est le temps qui favorise la maturation de l´idée et permet la révélation des effets multiples comme un écho.
Christian Bozon joue (ou se joue) d´un art virtuose, mais sous-estimé et souvent connoté « facile et populaire », pour introduire un temporalité complexe dans ses oeuvres. Ses interventions répétées et patientes, leur apportent une ampleur surprenante, mettant en place toute un vie composée de réminiscences profondes et universelles. Ceci est le « chronos » du spectateur.
Le « chronos » de la matière relève, lui, de la lumière qui permet la révélation des contrastes et des tons (encore une notion en chrom...atique). La transparence qui assure la réfraction de la lumière révélant la délicatesse des tons choisis et voulus para l´artiste, ainsi que leur fascinante mouvance, mettent en évidence une autre notion du temps : signe de vie, d´histoire et de rêve.
Ce n´est pas un hasard si Christian Bozon préfère donner des titres en espagnol à ses oeuvres : c´est toute sa vie d´aujourd´hui, faite de travail, de plaisir et de découverte de soi et surtout des autres. La langue est ainsi porteuse d´un rêve et d´une fascination culturelle qu´il emploie habilement. L´imaginaire peut ainsi se complaire dans la découverte d´espaces intimes encore vierges.
Jacques Cavin, Artcadache, 2006.